Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/154

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mecum, c’est-à-dire sa bouteille de fer-blanc, aimez-vous mieux une goutte d’eau-de-vie ?

Maître Alain fut interrompu par Lapierre, qui amenait le cheval de Jude. Celui-ci se mit aussitôt en selle. Dans le mouvement qu’il fit pour cela, son manteau s’écarta quelque peu. Le majordome put voir une partie de son visage.

— Du diable si je connais autre chose que cette figure-là ! grommela-t-il ; où donc l’ai-je vue ? Je me fais vieux !

— Tu me rejoindras ce soir à Rennes, mon garçon, s’écria Didier. En route maintenant et bonne chance !

Jude ne se fit point répéter cet ordre ; il piqua des deux et partit au galop.

Quand il eut franchi la porte de la cour, le capitaine se détourna vers les deux valets de Vaunoy.

— Vous êtes curieux, maître, dit-il à Alain ; c’est un fâcheux défaut et qui ne porte point bonheur. Quant à toi, ajouta-t-il en s’adressant à Lapierre, prends garde !

Il s’éloigna. Les deux valets le suivirent des yeux.

— Prends garde ! répéta ironiquement Lapierre ; que dites-vous de cela, maître Alain ?

Maître Alain répondit :

— Le jeune coq chante haut ; on dirait qu’il se sent de race. Pour ce qui est de prendre garde, c’est toujours un bon conseil.

Didier avait pris, sans savoir, la direction du jardin. Il se trouva bientôt au milieu des hautes charmilles taillées à pic et formant l’inévitable et classique labyrin-