Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/157

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Son premier mouvement fut de fuir, mais la réflexion la retint. Elle fit même un pas vers le coude de la charmille, où, suivant toute apparence, Didier allait se montrer.

Elle avait reconnu sa voix.

Mademoiselle de Vaunoy avait sur son visage cette pâleur qui présage de décisives résolutions. Son regard, ordinairement hardi dans sa douceur, était triste, timide et grave. Didier s’avança vers elle d’un air embarrassé. Pour prendre contenance, il se baissa et releva la lettre qu’Alix avait laissée tomber. Cette lettre était de lui. Il la reconnut et son malaise augmenta.

— C’est la lettre que vous crûtes devoir m’écrire pour m’annoncer votre départ, dit Alix avec simplicité. Je suis bien aise qu’elle soit tombée entre vos mains, vous la garderez.

Didier demeura muet. Alix reprit :

— J’ai été heureuse de vous revoir, car je me souvenais de vous comme d’un frère.

Didier l’avait appelée ma sœur dans son rêve, et bien souvent il lui était arrivé de comparer le sentiment qu’il gardait pour elle à la tendresse d’un frère. Et pourtant il demanda :

— Alix, dites-vous la vérité ?

— Je dis toujours la vérité, répondit-elle.

Elle eut un sourire grave et poursuivit :

— Parlons d’elle, je le veux.

« C’est une chère enfant. Son regard est pur comme le regard d’un ange. Son âme est plus pure que son regard. »

— De qui parlez-vous ? balbutia Didier.