Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/165

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pas, je suppose, que je veuille les attaquer à la Fosse-aux-Loups ? Ne vous étonnez point, monsieur de Vaunoy, si je sais le nom de leur retraite. Grâce à des circonstances que je ne juge point à propos de vous détailler ici, je connais la forêt de Rennes comme si j’y étais né.

À ce dernier mot, Hervé de Vaunoy tressaillit violemment et devint si pâle que Béchameil crut devoir le soutenir dans ses bras.

— Qu’avez-vous, monsieur mon ami ? demanda l’intendant.

— Rien… je n’ai rien, balbutia Vaunoy.

— Si fait ! je parie que c’est le besoin de prendre quelque chose qui vous travaille. Et, par le fait, l’heure du déjeuner est passée depuis trente-cinq minutes et une fraction.

Vaunoy, par un brusque effort, s’était remis tant bien que mal. Il repoussa Béchameil.

— Capitaine, dit-il, je vous prie de m’excuser. Un éblouissement subit… je suis sujet à cette infirmité. Vous plairait-il de poursuivre ?

— Dans votre intérêt, monsieur mon ami, insista héroïquement Béchameil, je vous engage à prendre quelque chose. Nous vous ferons raison, le capitaine et moi.

Vaunoy fit un geste d’impatience, et Béchameil reconnut avec découragement que le déjeuner était désormais indéfiniment retardé.

— Je vous disais, reprit Didier qui n’avait prêté à cette scène qu’une attention médiocre, je vous disais que la forêt est pour moi pays de connaissance ; je sais