Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/164

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— À plus d’un titre, mon jeune ami : pour vous-même et pour Sa Majesté.

— Je m’en réfère aux paroles de M.  de Vaunoy, dit Béchameil.

— Merci, messieurs. Je n’attendais pas moins de deux loyaux sujets du roi. Je fais grand fonds sur votre secours, et vous préviens à l’avance que je ne ménagerai pas votre bonne volonté. Veuillez me prêter attention.

Béchameil tira sa montre et constata avec douleur que l’heure normale du déjeuner était passée depuis dix minutes. Il poussa un profond soupir, n’osant pas manifester plus clairement son chagrin.

— Je ne suis point arrivé jusqu’ici, reprit Didier, sans avoir arrêté mon plan de campagne. Toutes mes mesures sont prises. La maréchaussée de Rennes est prévenue ; celle de Laval marche sur la Bretagne à l’heure où je vous parle. Les sergenteries de Vitré, de Fougères et de Louvigné-du-Désert me seconderont au besoin.

— À la bonne heure ! s’écria Béchameil. Tout cela formera une armée respectable.

— Trois cents hommes environ, monsieur.

— Ce n’est pas assez, dit Vaunoy. Les Loups sont en nombre quadruple.

Béchameil modéra sa joie.

— J’avais cru qu’ils étaient plus nombreux que cela, répartit froidement le capitaine. Nous serons un contre quatre. C’est beaucoup !

— Je ne saisis pas bien, dit Béchameil.

— C’est beaucoup, répéta Didier, parce que nous aurons de notre côté tous les avantages. Vous ne pensez