Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/168

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à M.  l’intendant de faire choix du lieu où l’escorte passera la nuit.

Une expression de singulière inquiétude se répandit sur le visage du maître de la Tremlays. Il fallait que cette inquiétude fût bien puissante pour que Vaunoy, habitué comme il l’était à dompter souverainement sa physionomie, n’en pût réprimer les symptômes.

Didier et l’intendant la remarquèrent.

Le premier n’y fit pas grande attention. Il croyait connaître Vaunoy qu’il méprisait sans le soupçonner de trahison. Sa hautaine insouciance ne daigna point se préoccuper de ce mince incident.

Quant à Béchameil, il interpréta à sa manière l’angoisse évidente du maître de la Tremlays. Il pensa que Vaunoy, voyant que le choix de la halte restait entre ses mains, à lui, Béchameil, redoutait sa décision pour l’office et les provisions du château.

— Monsieur mon ami, dit-il en conséquence, je dois vous prévenir tout d’abord que les frais de convoi me regardent…

Vaunoy pâlit et fronça le sourcil.

— Je paierai tout, poursuivit l’intendant ; l’hospitalité est pour moi un devoir.

— Vous prétendez donc recevoir les gens du roi dans votre maison de la Cour-Rose ? demanda Vaunoy dont l’anxiété augmentait visiblement.

— Non pas, monsieur mon ami, non pas ! s’écria vivement Béchameil.

Vaunoy respira longuement. Ses couleurs vermeilles reparurent aux rondes pommettes de ses joues.