Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce mouvement fut tellement irrésistible et marqué que Didier ne put s’empêcher d’y prendre garde.

Ce fut, au reste, l’affaire d’un instant, et, à mesure que le calme revenait sur le visage de Vaunoy, les doutes du jeune capitaine se dissipaient.

Mais, pour un spectateur attentif et désintéressé de cette scène, il eût été évident qu’un hardi dessein venait de surgir dans le cerveau de Vaunoy, dessein que favorisait grandement l’option de M.  Béchameil, désignant la Tremlays pour lieu de repos à l’escorte des gens du roi.

Béchameil, qui était à cent lieues de penser que sa décision pût faire plaisir à Hervé de Vaunoy, prit à tâche de l’excuser et de la motiver, ce qu’il fit à sa manière.

— Je vous répète, monsieur mon ami, dit-il, que vous n’aurez rien, absolument rien à débourser.

— Laissons cela, interrompit Vaunoy.

— Permettez ! Je suis, vous me faites, j’espère, l’honneur d’en être persuadé, un sujet fidèle et dévoué de Sa Majesté. Ma pauvre maison est fort à son service, depuis les fondements jusqu’aux combles, y compris, bien entendu, les étages intermédiaires, mais il s’agit de cinq cent mille livres tournois.

— Cinq cent mille livres tournois ? répéta lentement le maître de la Tremlays.

— Tout autant, monsieur mon ami ; il y a même quelques écus de plus. Si cette somme était enlevée, mon aisance, qui est honnête, serait terriblement réduite. Or, suivez bien : ma folie de la Cour-Rose n’est point propre à soutenir un siège, et si les Loups…