Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/17

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Aucun signe certain, dans toute sa personne, ne pouvait servir à préciser son âge.

Peut-être était-ce un enfant, peut-être était-ce un vieillard.

L’extrême agilité qu’il venait de déployer éloignait également néanmoins ces deux suppositions.

Il fallait la pleine jeunesse pour concentrer tant de vigoureuse souplesse sous cette enveloppe chétive et misérable.

Il se releva d’un bond et vint se planter au milieu du chemin, devant la tête du cheval.

— Comment va ton père, Jean Blanc ? demanda M. de la Tremlays.

— Comment va ton fils, Nicolas Treml ? répondit l’albinos en exécutant une cabriole.

Un nuage couvrit le front du vieillard. Cette brusque question correspondait mystérieusement au sujet de sa rêverie.

— Tu deviens insolent, mon garçon, grommela-t-il. Je suis trop bon envers vous autres vilains, et cela vous donne de l’audace. Fais-moi place, et que je ne t’y prenne plus !

Au lieu d’obéir à cet ordre, prononcé d’un ton sévère, Jean Blanc saisit la bride du cheval et se mit à sourire tranquillement.

— Tu te trompes, monsieur Nicolas, dit-il d’une voix douce et triste. Ce n’est pas avec nous pauvres gens, que tu es trop bon, c’est avec d’autres que tu aimes et qui te détestent.

— Paix ! fou que tu es ! voulut interrompre M. de la Tremlays.