Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/172

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chait ; ils allaient se rencontrer dans quelques secondes.

— Eh ! qu’a-t-il besoin de savoir ? reprit Vaunoy avec emportement. Son étoile le pousse à me nuire. Qu’il sache ou non, il me perdra si je ne le perds.

Alix et Didier arrivaient en même temps au point de convergence des allées ; au moment où ils allaient se trouver face à face. Vaunoy porta son sifflet de chasse à ses lèvres.

Le bruit fit lever la tête aux deux jeunes gens, Alix se tourna du côté du château et dut obéir au geste d’appel que lui envoya son père.

Didier salua et poursuivit sa route.

— C’était comme un fait exprès ! pensa Vaunoy. Saint-Dieu ! j’ai manqué mon coup deux fois déjà ; mais on dit que le nombre trois porte bonheur !…

Il entra dans son appartement où ne tardèrent pas à le joindre ses deux féaux serviteurs, Alain et Lapierre. Presque au même instant, Alix entr’ouvrit la porte.

— Vous m’avez appelée, mon père ? dit-elle.

Vaunoy, qui ouvrait la bouche pour donner des ordres à ses deux acolytes, hésita quelque peu et fut sur le point de renvoyer sa fille ; mais il se ravisa.

— Restez ici, dit-il aux valets. J’aurai besoin de vous dans un instant.

Puis il passa le bras d’Alix sous le sien et l’entraîna doucement dans la galerie.

Maître Alain et Lapierre demeurèrent seuls. Le premier, dont l’intelligence avait considérablement fléchi sous le poids de l’âge et aussi par l’effet de l’ivrognerie,