Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cet important devoir que les gourmets ne doivent négliger jamais, la sieste, lorsque M. de Vaunoy, quittant Didier sous un prétexte d’autant plus facile à trouver que le jeune capitaine ne tenait point extraordinairement à sa compagnie, se dirigea d’un air soucieux et affairé vers son appartement.

— Qu’on m’envoie sur-le-champ Lapierre et maître Alain, dit-il à un valet qu’il rencontra sur son chemin.

Le valet se hâta d’obéir, et Vaunoy poursuivit sa route ; mais, ayant jeté par hasard un regard distrait à travers les carreaux de l’une des croisées du corridor, il aperçut Alix qui, rêveuse et la tête penchée, suivait à pas lents l’allée principale du jardin.

— Toujours triste ! se dit Vaunoy d’un ton où perçait un atome de sensibilité ; pauvre fille ! Mais, après tout, elle n’est pas raisonnable ! Béchameil serait la perle des maris.

Il allait passer outre, lorsque, dans une autre allée dont la direction formait angle avec celle de la première, il vit le capitaine Didier, lequel, par impossible, semblait rêver aussi. Vaunoy fit un geste de mauvaise humeur.

— Elle était sur le point de l’oublier ! murmura-t-il ; je m’y connais ! Et le voilà revenu ! Sa seule approche déjoue fatalement tous mes plans. Et puis, si quelqu’un de ces hasards que nulle précaution ne peut déjouer, allait lui apprendre…

Vaunoy s’interrompit. Comme nous l’avons dit, les deux allées que suivaient Alix et Didier se croisaient. Chaque pas fait par les deux jeunes gens les rappro-