Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/179

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— Ne me refusez pas ! dit Alix avec une chaleur soudaine. Je ne vous ai jamais désobéi, et Dieu m’est témoin que je souffrirais de le faire.

— De sorte, que si je vous déniais mon consentement, vous me désobéiriez ?

Alix courba la tête en silence.

— À merveille ! reprit Vaunoy dont le dépit ne ressemblait en rien à la dignité d’un père offensé ; je suis au moins prévenu d’avance. Et m’est-il permis de vous demander quelle communication si importante peut exiger le rapprochement de Mlle  de Vaunoy et du capitaine Didier ?

— Je ne saurai vous le dire, monsieur.

— De mieux en mieux ! Mais c’est à n’y point croire ! Vous oubliez, Alix, que je pourrais vous contraindre, vous confiner dans votre appartement…

— J’espère que vous ne le ferez point, mon père.

— Et si je le faisais ! s’écria Vaunoy véritablement en colère.

— Monsieur, dit Alix en retenant sa voix qui voulait éclater, je vous respecte et je vous aime, mais il y a longtemps que je garde le silence vis-à-vis de M. de Béchameil, et c’est à cause de vous que je me tais…

Elle s’arrêta honteuse d’avoir été sur le point de menacer, mais Vaunoy avait compris, et sa colère était tombée comme par enchantement.

Il appela sur son visage, fait à ces brusques changements, une expression de grosse gaieté.

— Vous êtes une méchante enfant, Alix, dit-il en la baisant bruyamment au front. Vous savez que je n’ai rien à vous refuser et vous abusez de votre pouvoir, qui