Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/183

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plutôt son besoin d’échapper à l’obsession paternelle.

Elle ne voyait, au reste, dans l’usurpation de Vaunoy qu’un danger et non point un crime, parce qu’elle ignorait que cette usurpation préjudiciât au légitime propriétaire.

Et, par le fait, personne n’aurait pu soutenir l’opinion opposée, Treml n’ayant point laissé d’héritier.

L’intendant royal, ridicule et méprisable à la fois, inspirait à Alix une invincible répulsion, et sans la patiente insistance de son père elle eût rejeté ouvertement et depuis longtemps les prétentions de Béchameil. Vaunoy ne se lassait pas. Il croyait connaître les femmes, et attaquait Alix en faisait briller à ses yeux toutes les féeries que peut évoquer l’opulence. Béchameil était l’homme le plus riche de son temps.

Vaunoy ne faisait pas de progrès, mais il gagnait des jours.

L’arrivée de Didier pouvait anéantir son pénible et long travail ; il essaya de dresser une barrière entre sa fille et le capitaine. Nous avons vu le résultat de sa tentative : le hasard devait le servir bien mieux que son habileté.

Il avait un hardi projet dont la première idée lui était venue sous la charmille, en compagnie de Didier et de Béchameil.

Le projet, depuis lors, avait mûri dans sa tête. Il en avait pesé laborieusement les chances pendant le déjeuner, et s’était déterminé à jouer coûte que coûte ce périlleux coup de dés.

Il y avait une demi-heure que M. de Vaunoy avait rejoint ses deux acolytes. Maître Alain avait secoué tant