Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/184

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bien que mal sa somnolence, et Lapierre s’était installé, selon sa coutume, dans un excellent fauteuil. Il s’agissait d’écouter le maître faisant l’exposé de son plan.

Vaunoy avait parlé longtemps et sans s’interrompre. Lorsqu’il se tut enfin, il interrogea ses deux serviteurs du regard. Maître Alain répondit par un geste équivoque, et Lapierre se balança fort adroitement sur un seul des quatre pieds de son siège.

— Ne m’avez-vous pas entendu ? demanda Vaunoy.

— Si fait, dit Lapierre ; pour ma part, j’ai entendu.

— Moi aussi, ajouta maître Alain.

— Et qu’en dites-vous ?

Le vieux majordome eut la démangeaison d’atteindre sa bouteille carrée, où peut-être il aurait trouvé une réponse, mais il n’osa pas ; il attendit, pensant qu’il serait temps de parler lorsque Lapierre aurait donné son avis.

Lapierre se balançait toujours.

— Qu’en dites-vous ? répéta Vaunoy en fronçant le sourcil.

— Hé ! hé ! fit Lapierre d’un air capable.

— Voilà ! prononça emphatiquement maître Alain.

— Comment ! s’écria Vaunoy avec colère, vous ne comprenez pas que, dans ces circonstances, sa mort devient un cas fortuit dont je ne puis être responsable ? que les soupçons se détourneront naturellement de moi, et qu’il faudrait folie ou mauvaise foi insigne pour m’accuser d’un pareil malheur.

— Si fait, dit Lapierre ; pour ma part, je comprends cela.

Maître Alain exécuta un grave signe d’approbation.