Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/189

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véritable. Il crut un instant que le vieillard était ébloui de la munificence de l’offre, mais il avait compté sans Lapierre.

— Mille livres ! répéta ce dernier à son tour. Les morts ne reviennent point pour toucher leurs créances, et vous avez beau jeu, monsieur. Mille livres ! Encore si j’avais des héritiers !

Maître Alain se gratta l’oreille et reprit son apparence de momie.

— Deux mille livres ! s’écria Vaunoy ; je donnerai deux mille livres d’avance, sur-le-champ, à celui qui m’obéira.

Lapierre haussa les épaules, et maître Alain, se modelant sur lui, fit un geste de refus.

Le front de Vaunoy se couvrait de gouttelettes de sueur.

— Mais, Saint-Dieu ! que demandez-vous ? s’écria-t-il d’un ton de détresse. Je vous dis qu’il le faut ! Cet homme, de quelque côté que je me tourne, me barre fatalement le chemin. Il me fait obstacle partout. Une fois débarrassé de lui, tous mes embarras disparaissent ; tant qu’il vivra, au contraire, je l’aurai toujours devant moi comme une menace vivante.

— Comme qui dirait l’épée de Damoclès, fit observer Lapierre qui avait de la littérature. Tout cela est l’exacte vérité.

— Sa présence ici, poursuivit Vaunoy en s’échauffant, attaque non-seulement mes projets sur ma fille, elle menace encore ma fortune, mon nom, ma vie !

— C’est encore vrai, dit Lapierre.

— Et vous me refusez votre aide au moment où, d’un