Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/205

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fille. Puisque c’est ici sa demeure, je vais entrer, car je veux l’entretenir.

Jude joignit l’action à la parole et mit le pied sur le seuil, mais Fleur-des-Genêts lui barra vivement le passage.

— On n’entre pas ainsi, dit-elle doucement, dans la maison de Pelo Rouan. Je voulais dire : Arrêtez-vous ici et reposez-vous. Mais nul ne passe le seuil de notre pauvre demeure ; tel est l’ordre de mon père.

— Cependant… voulut insister Jude.

— Tel est l’ordre de mon père, répéta résolument Marie.

L’honnête écuyer avait un besoin trop sérieux d’interroger Pelo Rouan pour se payer d’un semblable refus. De son côté, Fleur-des-Genêts, obéissante et vaillante, exécutait à la lettre la consigne de son père et fermait la porte à tout venant. En cette circonstance, elle avait tout l’air de vouloir défendre opiniâtrement la brèche. Heureusement, les choses n’en devaient pas venir à cette héroï-comique extrémité.

À ce moment, en effet, une voix se fit entendre tout au fond de la loge.

— Enfant, dit-elle, regarde bien la figure de cet homme, pour ne lui refuser jamais l’entrée de la demeure de ton père. Fais place !

Fleur-des-Genêts se rangea aussitôt. Jude, étonné, restait immobile et hésitait à s’avancer.

— Approche, Jude Leker ! reprit la voix. Sois le bienvenu, bon serviteur de Treml ! Je t’attendais.