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Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/204

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aussi fier et noble de cœur que de mine ? avait-il jamais menti ?

Aussi le chant de Marie était une prière, hymne d’action de grâces qui s’exhalait de son cœur pour monter vers le ciel.

Elle avait mis, ce matin, une sorte de coquetterie naïve dans sa parure. Les corolles d’azur de quelques bluets d’automne se montraient çà et là dans l’or ruisselant de sa chevelure. Elle avait serré, à l’aide de rubans de laine, le corsage aux couleurs voyantes des filles de la forêt, et ses petits sabots, comparables aux mules de cristal des contes de fées, rendaient plus remarquable la mignonne délicatesse de son pied.

Mais sa parure n’était pas tant dans ces ornements champêtres que dans l’allégresse angélique qui rayonnait à son front. Le regard de ses grands yeux bleus, reconnaissants et dévots, allaient vers Dieu avec son chant. Elle était belle ainsi et digne du gracieux nom qu’avait trouvé pour elle la poésie des chaumières, car elle avait de la fleur l’éclat, la fraîcheur et les parfums.

Jude l’aperçut et un sourire paternel vint à sa lèvre de vieux soldat. Lorsque Marie le vit à son tour, elle rougit, effrayée, et voulut s’enfuir, mais le loyal visage de Jude la rassura.

Elle se leva et fit la révérence avec le respect qu’on doit à un vieillard.

— Ma fille, dit l’écuyer, je cherche la demeure de Pelo Rouan.

— C’est mon père, répondit Fleur-des-Genêts.

— Dieu lui a donné une douce et belle enfant, ma