Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/215

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— Il y a bien longtemps que Jean Blanc a perdu tout espoir, répondit le charbonnier ; mais Dieu est bon et la race de Treml ne produisit jamais que des justes et des chrétiens. Peut-être le petit Georges a-t-il été recueilli. En ce cas, la Providence aidant…

Pelo Rouan hésita.

— Eh bien ! fit Jude, qu’alliez-vous dire ?

— J’allais dire qu’il ne serait pas impossible de reconnaître l’enfant.

— Comment cela ? demanda vivement Jude Leker.

— Jean Blanc avait une de ces médailles de cuivre qu’on frappait autrefois à Vitré en l’honneur de Notre-Dame de Mi-Forêt. C’était le seul héritage que lui eût laissé sa mère. Quand sa folie le prit, dans cette horrible soirée, il la sentit venir, et dévot à la sainte Mère de Dieu, il passa la médaille au cou de l’enfant, qu’il mit ainsi sous la garde de Notre-Dame.

— Mais il y a tant de ces médailles !

— Celle de Jean Blanc avait sur le revers, une croix gravée au couteau, et Mathieu Blanc, son père, en possédait seul une semblable, qui est maintenant au cou de Marie.

— Cette belle enfant que je viens de voir ?

— La fille de Jean Blanc, l’albinos.

Marie qui continuait sa corbeille de chèvrefeuille au-dehors, entendit prononcer son nom et montra sa blonde tête à la porte.

— La fille de… commença Jude.

— Silence ! interrompit le charbonnier. Elle se croit ma fille. Approche, Marie.