Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/22

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Les vieux souverains, à qui Dieu retire le fils qui devait continuer leur œuvre politique laborieusement commencée, regardent avec désespoir le berceau du fils de leur fils.

Cet enfant mettra vingt ans à se faire homme, et il ne faut qu’un jour pour voir crouler une dynastie.

Nicolas Treml n’était pas roi, mais il se regardait comme le dernier représentant d’une pensée vaincue qui pouvait à son tour remporter la victoire. Jacques était son bras droit, son successeur, un autre lui-même ; Georges n’était qu’un enfant.

Au lieu d’une arme à l’épreuve, Nicolas Treml n’avait plus qu’un faible roseau dans la main.

Il y avait de par la province de Bretagne une famille pauvre et de noblesse douteuse qui se prétendait branche de Treml et ajoutait ce nom au sien propre. Avant la mort de Jacques, M. de la Tremlays avait intenté à cette famille de Vaunoy un procès, pour la contraindre à se désister de toute prétention au nom de Treml.

Le procès était pendant, et, suivant toute apparence, le parlement de Rennes allait condamner les Vaunoy lorsque Jacques mourut. Ce fatal événement sembla changer subitement les desseins de M. de la Tremlays. Il arrêta l’action pendante au parlement de Rennes et invita Hervé de Vaunoy, l’aîné de la famille, à se rendre aussitôt près de lui. Celui-ci n’eut garde de refuser l’invitation.

Il traversa la forêt monté sur un piètre cheval de labour. Arrivé sur la lisière qui touchait le domaine de