Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Treml et les futaies de Boüexis, il ôta respectueusement son feutre et salua toutes ces richesses, pendant qu’un sourire relevait les coins de ses lèvres sous les crocs fauves de sa moustache.

Hervé de Vaunoy pouvait avoir alors quarante ans. C’était un petit homme replet, à chevelure roussâtre, dont les exubérants anneaux encadraient un visage souriant et d’expression débonnaire. Ses yeux disparaissaient presque sous les longs poils de ses sourcils ; mais ce qu’on en voyait était fort avenant et cadrait au mieux avec la fraîcheur vermeille de ses joues.

En somme, il avait l’air du meilleur vivant qui fût au monde, et il était impossible de le voir une seule fois sans se dire : Voilà un excellent petit homme !

La seconde fois, on ne disait rien du tout.

La troisième, on pensait à part soi que le petit homme pouvait bien n’être point si bon qu’il voulait le paraître.

Chemin faisant, il inspecta le manoir de Boüexis, qu’il trouva très à son gré, et les fermes, métairies et tenues, qui lui parurent bien en point, et les bois dont il admira cordialement la belle venue. Pendant cela, son sourire vainqueur ne le quittait point. On eût dit que le petit homme se voyait déjà dans l’avenir propriétaire et seigneur de toutes ces belles choses.

Mais ce qui le flatta le plus, ce fut le château de la Tremlays lui-même. À la vue de ce cher édifice qui ouvrait sur une immense avenue, sa grande porte écussonnée, Hervé de Vaunoy arrêta son cheval de charrette et ne put retenir un cri d’allégresse.

— Saint-Dieu ! murmura-t-il tout ému, notre maison