Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/228

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l’attendre au dernier détour de la route sur la lisière de la forêt. »

— À la bonne heure ! interrompit Jude Leker en frappant ses deux mains l’une contre l’autre.

Le bon écuyer faisait comme ces gens qui se passionnent tout de bon pour les péripéties d’une pièce de théâtre. Il avait vu Vaunoy la veille et pourtant il espérait sérieusement que Vaunoy allait être tué dans le récit de Pelo Rouan.

Celui-ci secoua la tête.

— Lorsque parut le nouveau maître de la Tremlays, poursuivit-il, Jean Blanc visa. Son âme passa dans ses yeux : rien au monde désormais ne pouvait sauver Hervé de Vaunoy…

— Eh bien ! dit Jude, voyant que le charbonnier hésitait.

— Vaunoy regagna son château sain et sauf, répondit Pelo Rouan…

— Pourquoi ? Jean Blanc le manqua ?

— Jean Blanc ne tira pas.

Jude laissa échapper une exclamation énergique de désappointement.

— Jean Blanc ne tira pas, reprit lentement le charbonnier, parce que le souvenir de Treml traversa son esprit à ce moment, et qu’il ne voulut pas anéantir, même pour venger son père, la dernière chance de connaître le sort du petit monsieur Georges.