Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/230

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que ses suppôts ordinaires sont trop loin pour lui porter secours, Hervé de Vaunoy parlera.

Jude se gratta le front d’un air pensif.

— Il y a du vrai là-dedans, dit-il ; mais Vaunoy lui-même en sait-il plus que nous ?

— Peut-être ; en tout cas l’heure approche où quelqu’un l’interrogera en forme là-dessus. Jean Blanc fit comme je t’ai dit : il épargna l’assassin de son père ; mais ce bon sentiment qui mettait la gratitude avant la vengeance, devait être passager : les cendres de la loge étaient trop chaudes encore pour que la vengeance ne reprît bientôt le dessus. Jean Blanc se repentit d’avoir oublié son père pour le fils d’un étranger…

— D’un étranger ! répéta Jude scandalisé, le fils de son maître, voulez-vous dire.

— Jean Blanc n’eut jamais de maître, mon homme, répondit Pelo Rouan avec hauteur ; même au temps où il était fou. Il se repentit donc et voulut recommencer la chasse, mais Vaunoy avait dépassé la lisière de la forêt et galopait maintenant dans la grande avenue du château. Il était trop tard.

— Je ne saurais dire, en vérité, murmura Jude, si c’est tant mieux ou tant pis.

— Il sera toujours temps de reprendre cette besogne. Le difficile n’est pas d’avoir un homme au bout de son fusil dans la forêt, et Dieu sait que Jean Blanc, depuis cette époque, aurait pu bien souvent envoyer la mort à Hervé de Vaunoy, au milieu de ses serviteurs. Le difficile est de l’avoir vivant, seul, sans défense, et de lui dire : « Parle ou meurs ! » Jean Blanc y tâchera.

— Et je l’y aiderai ! dit Jude avec énergie.