Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/232

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lequel il retomba dans sa nuit profonde, plus désespéré que jamais.

« Il se trouva une femme, plus dévouée que les autres femmes, qui se prit de pitié pour ce malheureux rebut de l’humanité.

« C’était une jeune fille, bonne, douce et bien-aimée. Elle avait nom Sainte et méritait son nom.

« Elle ne s’enfuit point la première fois que Jean Blanc lui parla ; elle lui permit de s’asseoir au feu de sa loge, et, quand Jean Blanc eut soif, elle lui donna le lait de sa chèvre… Cela t’étonne ? ami Jude, dit brusquement Pelo Rouan ; et pourtant elle fit plus que cela, Jean Blanc est un homme sous le masque hideux que le sort lui a infligé.

— Eh bien ! dit Jude d’un ton légèrement goguenard. Il y eut des noces ?

« — Oui, elle consentit à l’épouser. Un an après, Marie vint au monde ; Marie, qui est le gracieux portrait de sa mère et que les gens de la forêt nomment Fleur-des-Genêts, parce que cette fleur est la plus jolie qui croisse dans nos sauvages campagnes. Marie est la fille de Jean Blanc et de Sainte.

— C’était une brave fille que cette Sainte, murmura Jude, que l’histoire amusait désormais médiocrement.

« — C’était une angélique et miséricordieuse enfant, reprit Pelo Rouan. Les deux années que Jean Blanc passa près d’elle furent comme un rêve ; il oubliait les blessures de son cœur, il n’avait ni désir, ni crainte, ni espoir : elle était tout dévouement et lui vivait pour elle… »