Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/234

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loyal. Si quelqu’un l’attaque traîtreusement ou en face, sauf le service de Treml, mon aide ne lui fera point défaut.

— À ta volonté, mon homme. Je continue : Après la mort de sa femme, Jean Blanc chargea sa fille sur ses épaules et traversa de nouveau la forêt. Il avait le désespoir dans le cœur, et sa tête roulait cette fois des projets de vengeance. La vue du lieu où avait été assassiné son père raviva d’anciens souvenirs. Le passé et le présent se mêlèrent : une haine immense, implacable, fermenta dans son âme.

« Il se trouva que, vers cette époque, les pauvres gens de la forêt, traqués à la fois par l’intendant royal et les seigneurs des terres, qui, à l’instigation de Vaunoy, avaient fait dessein de les chasser de leurs domaines, relevèrent la tête et tentèrent d’opposer la force à la force. Ils continuèrent d’habiter le jour leurs loges ; mais la nuit, ils se rassemblèrent dans les grands souterrains de la Fosse-aux-Loups, dont au moment du besoin, un homme leur enseigna le secret.

« Cet homme était Jean Blanc, qui avait découvert autrefois la bouche de la caverne, à quinze pas de son ancienne loge, derrière les deux moulins à vent ruinés.

« Un jour, au temps où Jean Blanc était faible, il dit : « Le mouton se fait loup pour défendre ou venger ceux qu’il aime. » Jean Blanc avait vu mourir tous ceux qu’il aimait : il ne pouvait plus protéger ; ce fut pour se venger que le mouton se fit loup. »

— On m’avait dit quelque chose comme cela, interrompit Jude.