Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/239

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temps. De minute en minute, le nouveau venu, qui était un Loup, regardait l’horloge avec impatience. Lorsque l’aiguille eût fait le tour du cadran, il se leva et frappa violemment du pied.

— Voilà une malencontreuse histoire, ma fille ! dit-il. Tu diras à ton père que Yaumi est venu et qu’il l’a attendu tant qu’il a pu, Pelo Rouan regrettera toute sa vie de n’avoir pas pu profiter de l’heure qui vient de s’écouler.

Comme le loup finissait de parler, Pelo poussa un long soupir et détendit ses membres crispés.

— Il revient à lui ! s’écria Marie qui approcha des lèvres du malade une fiole dont il but avidement le contenu.

Après avoir bu il passa la main sur son front baigné de sueur, et se leva à l’aide du bras de la jeune fille. En apercevant le Loup, il tressaillit.

— Laisse-nous, dit-il à Marie.

Celle-ci obéit, mais lentement. Elle quittait à regret son père en un moment pareil. Avant qu’elle eût franchi la porte de sa retraite, Pelo Rouan et le Loup avaient entamé déjà leur entretien.

— Qu’y a-t-il ? demanda le charbonnier.

Yaumi jeta un regard de défiance vers Marie et prononça quelques mots à voix basse.

— Dis-tu vrai ! s’écria Pelo qui se dressa de toute sa hauteur ; le ciel a-t-il enfin condamné cet homme !

En même temps, il fit mine de s’élancer vers la porte. Yaumi le retint.

— Je me doutais bien, maître, dit-il, que ce serait pour vous un grand crève-cœur. Le ciel l’avait condamné