Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/245

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avoir fait un effort pour garder le silence pendant la moitié d’une minute, ceci devient intolérable. Je vous conjure de me dire où vous avez l’esprit depuis une heure !

Alix releva lentement sur sa tante ses grands yeux fixes et distraits.

— Vous avez parfaitement raison, répondit-elle au hasard.

— Comment, raison ! s’écria mademoiselle Olive. Mais je n’ai rien dit !

Alix sembla se réveiller en sursaut et regarda sa tante d’un air étonné, puis elle se leva, la salua et sortit.

Elle traversa rapidement le corridor et gagna sa chambre où elle se mit à marcher à grands pas.

— Je veux le voir ! dit-elle après quelques minutes d’un silence agité. Il le faut.

Elle prit dans sa cassette une bourse de soie et agita vivement une petite sonnette d’argent posée à son chevet. Ce coup de sonnette était un appel à l’adresse de mademoiselle Renée, fille de chambre d’Alix.

Renée monta.

— Prévenez Lapierre, dit Alix, que je veux lui parler sur-le-champ.

L’instant après, Lapierre était introduit dans l’appartement de mademoiselle de Vaunoy, qui ne put, à sa vue, retenir un vif mouvement de répulsion.

Lapierre entra chapeau bas, mais gardant sur son visage l’expression d’insouciante effronterie qui lui était naturelle.

— Mademoiselle m’a fait appeler ? dit-il.

Alix s’assit et fit signe à Renée de s’éloigner. Pendant