un instant elle garda le silence et tint les yeux baissés ; évidemment, elle hésitait à prendre la parole.
— Tenez-vous beaucoup à rester au service de M. de Vaunoy ? demanda-t-elle enfin avec une dureté calculée.
Un autre se fût peut-être étonné de cette question, mais Lapierre était à l’épreuve.
— Infiniment, mademoiselle, répondit-il.
— C’est fâcheux, reprit Alix qui surmontait son trouble et regagnait tout son sang-froid, j’ai résolu de vous éloigner.
— Et m’est-il permis de vous demander ?…
— Non.
Lapierre baissa la tête et sourit dans sa barbe. Alix aperçut ce mouvement, et une vive rougeur couvrit son beau front.
— Vous quitterez la Tremlays, poursuivit-elle en refoulant une exclamation de colère méprisante ; je le veux.
— Peste ! murmura Lapierre : voilà qui est parler.
— Vous quitterez la Tremlays à l’instant.
— Peste ! répéta Lapierre.
— Silence ! si vous vous retirez de bon gré, je paierai votre obéissance.
Alix fit sonner les pièces d’or que contenait la bourse en soie.
— Si vous résistez, poursuivit-elle, je vous ferai chasser par mon père.
— Ah ! fit tranquillement Lapierre.
— Voulez-vous cette bourse ?
— J’y perdrais, répondit Lapierre, j’aime mieux rester… à moins pourtant que mademoiselle ne daigne me