Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/264

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— Nous vivons du mieux que nous pouvons, reprit le vieillard ; on a voulu nous voler notre pain noir et notre petit cidre, nous volons nos voleurs, ce qui nous met à même de manger du pain blanc et de boire de l’eau-de-vie.

Un joyeux et bruyant éclat de rire accueillit la douteuse moralité de ces paroles.

— Bien dit, notre père Toussaint ! cria-t-on de toutes parts !

— La paix, mes enfants, la paix ! Quant à notre bon sens, nous te savons gré de ton compliment, mais, en définitive, qu’as-tu à faire de notre bon sens, qui nous conseille de te pendre, et de notre misère, que tu as tâché de rendre si complète ?

— Je veux me venger, dit Vaunoy.

— N’as-tu pas, à la Tremlays, tes assassins ordinaires ?

— Trêve, interrompit Vaunoy, dans un mouvement d’impatience qui le servit à merveille ; expliquons-nous comme des hommes, et ne bavardons pas comme des avocats. Voulez-vous gagner cinq cent mille livres ?

— Cinq cent mille livres ! répétèrent encore les Loups qui avaient l’eau à la bouche.

— Cinq cents millions de tromperies ! s’écria une rude voix dont le propriétaire, le petit Yaumi, perça la foule et vint dresser sa haute taille devant la table occupée par le sénat de la Fosse-aux-Loups.

— Notre père Toussaint et les autres, ajouta-t-il, ne faites pas attention à ce que dit ce misérable. Vous le connaissez, et d’ailleurs, en l’absence du Maître, vous ne pouvez rien décider.