Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/265

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Vaunoy dressa l’oreille à ce mot de maître. C’était là une nouvelle difficulté qu’il n’avait pu mettre en ligne de compte.

Le père Toussaint secoua la tête d’un air de mécontentement.

— Ami Yaumi, dit-il, le Maître est le maître ; mais nous sommes bien quelque chose, et cinq cent mille livres ne se trouvent pas tous les jours sous le couvert. Cela mérite réflexion.

— Mais il ment comme un coquin qu’il est !

Les Loups poussèrent en chœur un murmure de désapprobation. Ces bonnes gens tenaient aux cinq cent mille livres annoncées, plus que nous ne saurions dire.

— Yaumi, mon garçon, reprit Toussaint, avec d’autant plus d’assurance qu’il se sentait soutenu ; laisse-nous faire nos affaires : le Maître sera content.

— Et s’il ne l’est pas ? demanda Yaumi.

Personne ne dit mot dans la foule. Le vieillard parut visiblement déconcerté.

— Il le sera, reprit-il encore après un silence ; personne plus que moi n’est disposé à obéir au Maître, mais…

— Mais vous voulez braver la chance de lui désobéir ! Écoutez ! je sais, moi, que le Maître donnerait le plus clair de son sang pour voir cet homme face à face.

Vaunoy frémit de la tête aux pieds.

— Je sais, poursuivit Yaumi, que cet homme et lui ont à régler un compte long et embrouillé. Je veux aller chercher le Maître.