Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/271

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n’eussent encore un autre motif de ne point se montrer.

On marchait bien lentement, et le soleil se couchait au moment où le convoi atteignait les premiers arbres de l’avenue de la Tremlays.

— Monsieur, dit Jude en se penchant à l’oreille du capitaine, il ne fait point bon pour moi au château. Ce que je cherche n’y est pas, et j’y pourrais trouver en revanche ce que je n’ai garde de chercher.

— Fi ! mon brave garçon, répondit le capitaine avec un sourire, tu ne rêves plus qu’assassinat depuis hier. Certes, si tout ce que tu m’as raconté de ce Vaunoy est vrai, c’est un scélérat infâme et sans vergogne, mais je ne puis croire… et, après tout, qui te dit que ce charbonnier n’ait point menti ?

— Pelo Rouan ? Il ne mentait pas, monsieur, car sa voix tremblait et j’ai senti la sueur de son front tomber sur ma main. Oh ! il ne mentait pas !… Et dame Goton ? et l’absence de notre petit monsieur ?

— Tu as peut-être raison, dit le capitaine ; en tout cas, tu es libre, mon garçon, et si tu as quelque ami dans la forêt, je te permets de lui demander l’hospitalité. Demain, tu nous rejoindras à Vitré.

— À demain donc ! répondit Jude.

Sur le point de s’éloigner, il s’approcha davantage et ajouta à voix basse :

— N’oubliez pas ce qui vous regarde, mon jeune monsieur. Ce Pelo Rouan a parlé de vengeance, et il a l’air d’un terrible homme !

Didier sourit encore et fit un geste d’insouciante bravade.