Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/272

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— À demain, brave garçon ! dit-il au lieu de répondre.

Jude prit un sentier de traverse et perdit bientôt de vue le convoi. Le soleil était couché depuis quelques minutes à peine, mais il faisait nuit déjà sous les sombres voûtes de la forêt. Les clairières seules montraient leurs ajoncs illuminés par cette lueur chatoyante que le crépuscule du soir laisse monter du couchant. Jude s’en allait à pas lents et la tête tristement baissée.

Il avait confié son cheval à un soldat pour que la bête eût sa provende au château.

Le bon écuyer sentait son courage l’abandonner en même temps que l’espoir. Pourquoi chercher encore lorsqu’on est sûr de ne point trouver ? Jude avait besoin d’évoquer le souvenir vénéré de son maître pour garder quelque énergie à sa volonté chancelante.

Un péril à braver l’eût trouvé fort ; s’il n’eût fallu que mourir, il serait mort avec joie. Mais il n’y avait rien, ni péril à braver, ni mort à affronter.

Treml n’aurait point le bénéfice des efforts tentés : à quoi bon combattre ?

Jude, après avoir cheminé quelque temps sans but, prit la route de la loge du charbonnier Pelo Rouan.

— Nous causerons de Treml, se disait-il en soupirant ; peut-être aura-t-il appris quelque chose depuis hier.

Jude n’avait pas fait vingt pas dans cette direction nouvelle, lorsqu’un bruit sourd, lointain encore, mais familier à son oreille de vieux soldat, arriva jusqu’à lui.