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Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/284

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— C’est étrange ! pensa-t-il. Serait-ce un cadavre que ces hommes viennent d’apporter ?

Il se leva doucement et posa sa main sur le cœur du jeune homme qui battait fort tranquillement.

— Il dort ! se dit Jude avec un soupir de soulagement. Que Dieu lui donne un long et tranquille sommeil !

Ce souhait devait être rempli outre mesure.

Au moment où Jude regagnait sa couche, le fracas de l’attaque éclata de toutes parts.

Le vieil écuyer prit son épée, et se tint prêt à tout événement.

Au bout de quelques minutes, il entendit un bruit de pas dans le corridor et saisit quelques mots de la conversation des quatre assassins.

— Il faut pourtant l’éveiller, se dit-il.

Et il secoua rudement Didier, qui resta inerte et comme mort.

Le brave écuyer, de guerre lasse, prit son parti et se plaça devant le lit, l’épée haute.

— Si c’est Pelo Rouan, pensa-t-il, je l’adjurerai au nom de Treml, et d’ailleurs, Pelo Rouan ne frappera pas un homme endormi, j’en suis sûr… Mais si ce n’est pas Pelo Rouan ?

En guise de réponse à cette embarrassante question, Jude assura son épée et se mit en garde.

Au même instant, la porte fut ouverte et donna passage aux estafiers de Vaunoy.

Pour être plus vieux de vingt ans, Jude Leker n’avait point perdu cette robuste et martiale apparence qui avait donné jadis à réfléchir aux roués de la suite du régent.