Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/285

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Dans la position qu’il avait prise devant le lit du capitaine, sa grande taille se développait fièrement et montrait, à la vacillante clarté de la lanterne, le vigoureux dessin de ses formes athlétiques. Sur son visage régnait ce calme profond qui, lorsqu’un homme est en face du péril, annonce une détermination indomptable.

Son regard restait lourd, presque apathique, et chacun de ses muscles gardait l’immobilité de l’acier.

Au seul nom de Jude, Lapierre crut deviner une alarmante complication. La présence de l’ancien écuyer de Treml auprès du capitaine rendait plus irrévocable, s’il est possible, l’arrêt de mort qui pesait sur ce dernier, car cette réunion n’était peut-être pas due au hasard, et, en tout cas, elle donnait une force nouvelle aux motifs que Vaunoy avait de redouter Didier.

Le premier mouvement de Lapierre fut donc d’ordonner l’attaque ; mais un coup d’œil jeté sur la ferme attitude du vieil écuyer retint cet ordre sur sa lèvre.

Il connaissait de réputation Jude, qui avait passé autrefois pour le plus vaillant homme d’armes du pays rennais, et ce qu’il voyait de lui n’était point fait pour démentir cette renommée.

Jude était seul, mais des quatre estafiers deux étaient des valets pris pour faire nombre ; le troisième, maître Alain, vieillard débile et usé par le vice, chancelait déjà sous le poids d’une ivresse fort avancée.

Le quatrième enfin, qui était Lapierre en personne, pouvait, poussé à bout, ne pas être un adversaire à dé-