qu’il tombera au bout de son sang, nous achèverons notre besogne.
Jacques obéit encore. Lapierre et lui s’adossèrent au mur. Maître Alain et l’autre valet gisaient à terre sans mouvement, et morts, suivant toute apparence.
Jude envisagea sa situation avec tout le calme de son stoïque courage : sa situation était désespérée.
Lapierre, l’effronté coquin avait parfaitement établi le dilemme ; Jude ne pouvait se sauver qu’en attaquant, mais s’il attaquait, Didier était mort.
Le choix de Jude ne pouvait être douteux : il garda son poste.
Cependant, il se sentait faiblir de minute en minute ; ses forces s’en allaient avec son sang.
Une fois, le bruit que faisaient les Loups s’approcha dans la direction de la chambre ; Jude eut une lueur d’espoir.
— Pelo Rouan ! cria-t-il : au secours !
Mais le bruit s’éloigna, et Pelo Rouan ne vint pas.
— Holà ! dit Lapierre ; le charbonnier se mêle-t-il aussi de protéger l’orphelin ! heureusement il est à trop bonne distance pour entendre et, puisque ce brave garçon appelle ainsi les absents, c’est signe que sa cervelle déloge. Il a chancelé, sur ma foi !
Jude se redressa vivement, mais Lapierre ne s’était point trompé. Il avait chancelé.
En se relevant, il dit :
— Monsieur le capitaine, éveillez-vous !
— Ah çà ! murmura l’ancien saltimbanque, c’est un taureau que cet écuyer ? Il a déjà perdu plus de sang