Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/287

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Il n’acheva pas. Les cinq épées lancèrent à la fois cinq gerbes d’étincelles.

Il y eut un court cliquetis. Maître Alain tomba sur ses genoux en poussant un gémissement sourd, et l’un des valets mesura le sol au milieu d’une mare de sang.

Jude, qui s’était fendu deux fois coup sur coup se remit en garde bellement.

Lapierre recula ainsi que le second valet.

Le mauvais succès de la traîtreuse attaque qu’il avait tentée au moment même où il semblait vouloir parlementer, le déconcerta quelque peu, et il jeta un piteux regard sur ses compagnons hors de combat.

— Vertudieu ! grommela-t-il, ce n’était pas trop de quatre, en effet. Lève la lanterne, Jacques.

Jacques n’avait pas été touché. Il obéit.

La lumière tomba d’aplomb sur le justaucorps de Jude, et Lapierre poussa un cri de joie.

Le vieil écuyer restait droit et ferme, mais son sang coulait abondamment par trois blessures.

L’assaut n’était pas si mauvais que Lapierre l’avait cru d’abord.

— Il ne s’agit que d’attendre, reprit-il en ricanant.

Toute son insolence était revenue. Il ajouta :

— Du diable s’il reste un quart d’heure debout avec ces trois saignées. Attention, Jacques ! il est à nous. Fais comme moi, accule-toi au mur et reste en garde. S’il quitte sa position pour m’attaquer, tu iras au lit et tu feras l’affaire ; si c’est toi qu’il attaque, je me charge du capitaine. S’il se tient tranquille, ne bougeons pas. Dès