Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/305

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Avec une vigueur dont nul n’aurait pu la croire capable, surtout en ce moment où elle venait de quitter le lit où la clouait la fièvre, elle souleva les épaules de Didier et fit signe à Marie de soulever les pieds.

Marie obéit passivement, comme un enfant qui suit, sans les discuter, les ordres de son maître.

La couverture fut passée sous le corps de Didier, et les deux jeunes filles la prenant par les quatre coins, comme une civière, enlevèrent leur vivant fardeau.

Elles fléchissaient sous le poids. Néanmoins, elles s’engagèrent résolument dans les longs corridors de la Tremlays.

De toutes parts, on entendait les rires et les chants des Loups qui, par bonheur, sérieusement occupés à boire, ne troublèrent point la retraite des deux jeunes filles.

Elles traversèrent sans obstacles les sombres galeries du château et arrivèrent au seuil de la cour, où elles déposèrent le capitaine, pour reprendre haleine.

Fleur-des-Genêts haletait et tremblait. Alix respirait doucement et ne semblait point lasse. Sa compagne la contemplait avec une admiration mêlée d’effroi.

— Qu’est-ce que cela ? demanda Mademoiselle de Vaunoy en désignant un objet qui se mouvait dans l’ombre du mur.

— C’est un cheval, répondit Marie. Pendant que j’errais dans la cour, un valet du maître de la Tremlays, votre père, est venu l’attacher auprès de la porte.

— Nous n’aurons pas besoin de la clé des écuries, alors. Quant à celle de la porte extérieure, les gens de la forêt ont fait en sorte sans doute que nous puissions nous en passer. Encore un effort, ma fille !