Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/304

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— Pourquoi me dites-vous cela ? dit Marie ; vous parliez de le sauver…

Mademoiselle de Vaunoy se redressa.

— Tu as raison, dit-elle ; hâtons-nous.

Elle passa rapidement le poignard de Jude à sa ceinture et donna celui de Lapierre à Marie, qui ouvrait de grands yeux et ne devinait point le projet de sa compagne.

— Tu es enfant de la forêt, reprit Alix : tu sais monter à cheval et tu dois être forte. Il nous faut agir en hommes, cette nuit, ma fille. Fais comme moi, et si dans les corridors une arme se lève sur Didier, fais comme moi encore, et meurs en le défendant.

Un feu héroïque brillait dans les yeux d’Alix pendant qu’elle parlait ainsi.

Fleur-des-Genêts la contempla un instant, puis baissa la tête en silence.

— As-tu peur ? demanda mademoiselle de Vaunoy avec pitié.

— Non, répondit Marie ; mais je pense à votre dévouement, à vos espérances d’autrefois…

Alix releva sur elle ses grands yeux fiers et doux.

Sans répondre, elle passa au cou de Didier toujours endormi la médaille de cuivre qu’elle avait prise à Lapierre la nuit où celui-ci avait tenté d’assassiner le jeune capitaine dans les rues de Rennes. Ses yeux étaient levés vers le ciel.

Aussitôt ce devoir accompli, elle reprit avec énergie :

— Ma fille, j’aime Dieu. Tu seras ma sœur, comme Didier est mon frère. À l’œuvre ! Il ne doit pas s’éveiller dans la maison de mon père !