Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/312

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centenaires de l’avenue, et venait à l’odorat tout imprégnée des parfums de la glandée. Les hautes cimes des chênes se balançaient avec lenteur et harmonie, secouant çà et là sur les bruyères leurs couronnes sonores.

Certes, on pourrait difficilement se figurer un réveil plus féerique que celui qui attendait Didier. Un instant, le jeune capitaine crut poursuivre un rêve. Il se sentait emporter par le galop d’un cheval, et entendait vaguement à son oreille les sons d’une voix sympathique.

Mais la brise de la forêt arrivait de plus en plus froide à son front, et chassait les dernières brumes de l’opium. Il souleva enfin sa paupière alourdie, et aperçut le visage de Fleur-des-Genêts à côté du sien.

Il porta les mains à ses yeux, étonné de la persistance de ce songe bizarre. Fleur-des-Genêts écarta sa main et il fut forcé de la voir encore.

Didier aspirait fortement l’air de la nuit. La fraîcheur vivifiante de l’atmosphère et la force de sa constitution combattaient le malaise que laissait à tous ses membres l’énervante action de l’opium. Néanmoins il souffrait ; son crâne pesait sur son cerveau comme un casque de plomb.

— Allons, dit-il en essayant de secouer la torpeur où il restait plongé en dépit de lui-même ; ceci m’a tout l’air d’un enlèvement, dans lequel les rôles sont intervertis. Mettons pied à terre, Marie. Je ne sais, j’ai besoin de repos.

Ils avaient passé les derniers arbres de l’avenue, et le dôme de la forêt était sur leurs têtes. Marie se laissa glisser de la croupe du cheval et toucha le gazon.