Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/315

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Marie entraîna Didier qui, vaincu qu’il était par son engourdissement, n’avait plus ni volonté ni force. Tous deux se mirent en selle et le cheval galopa dans la direction du carrefour de Mi-Forêt.

À une centaine de pas de la loge, Marie mit pied à terre.

Elle approcha doucement. La porte était ouverte.

— Mon père ! appela-t-elle.

Personne ne répondit.

— Il n’est pas là ! pensa la jeune fille avec joie. Dieu soit loué !

Elle revint à la rencontre du capitaine dont elle soutint la marche chancelante. Ils entrèrent et franchirent la salle basse où nous avons assisté à l’entrevue de Jude et de Pelo Rouan, puis Marie ouvrit la porte de la chambre à Didier qui ne pouvait plus se soutenir.

Elle n’avait pas aperçu, en traversant la loge, deux yeux rouges briller derrière le tas de paille qui servait de couche à Pelo Rouan. Pendant qu’elle passait, ces yeux rayonnèrent d’un plus sanglant éclat. Quand elle fut passée, ils changèrent brusquement de position et s’élevèrent de plusieurs pieds.

C’est que Pelo Rouan, qui était étendu sur la paille, venait de se dresser sur ses genoux.

— Je remercie Dieu, murmura-t-il, de m’avoir donné des prunelles de bête fauve qui voient dans la nuit. Je l’ai bien reconnu, le Français maudit ! Il est là, et il y restera. Marie ! pauvre petite fille !

Ces derniers mots furent prononcés d’un ton de tendresse profonde, ce qui n’empêcha point Pelo Rouan de décrocher le vieux mousquet suspendu au mur et