Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’argent qu’ils emportaient doublait de prix à leurs yeux, pour avoir été volé au fisc, leur mortel ennemi, et nous pouvons affirmer qu’aucun remords ne troublait leur conscience.

Fleur-des-Genêts tremblait. Dans cette course folle, un soubresaut pouvait jeter quelqu’un des Loups hors de la route et lui faire découvrir Didier endormi.

Or, d’après la conversation qu’elle avait entendue dans la loge entre Pelo Rouan et Yaumi, l’envoyé des Loups, elle devait croire que ces derniers en voulaient à la vie du capitaine.

Tous passèrent cependant sans encombre.

À la suite de la cohue, marchait encore ce personnage qu’on nommait le Loup blanc dans la forêt. Loin de partager la joie de ses compagnons, il semblait triste, et courbait son visage masqué de blanc sur sa poitrine.

Lorsqu’il passa devant Fleur-des-Genêts, la jeune fille eut un mouvement de surprise et tendit le cou en avant.

— Serait-ce lui ! murmura-t-elle avec émotion et frayeur ; c’est impossible !

Le Loup blanc disparut comme ses louveteaux derrière un coude de la route. Tout rentra bientôt dans le silence, et l’on n’entendit plus que la mystérieuse et fugitive chanson qui descend, la nuit, de la cime balancée des grands arbres.

Les heures s’écoulèrent. Ce fut seulement lorsque la brise, plus piquante, annonça le prochain lever du jour, que Didier secoua sa léthargie.

Il était perclus et glacé. Ses membres raidis refusaient de se mouvoir.