Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/319

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— Mon père ! mon père ! cria encore Marie avec désespoir.

— Tais-toi ! dit le charbonnier à voix basse.

Pendant plusieurs minutes il contempla le capitaine en silence.

Didier resta immobile.

À mesure que Pelo Rouan le regardait, une émotion extraordinaire et croissante se peignait sur ses traits noircis.

Deux grosses larmes jaillirent enfin de ses yeux. Il se laissa tomber à genoux et baisa la main de Didier avec un respect plein d’amour.

— Que veut dire cela, mon brave homme ? demanda le capitaine stupéfait.

— Sa voix aussi ! murmura Pelo Rouan, plongé dans une sorte d’extase ; sa voix comme ses traits.

Didier se demandait s’il n’avait point affaire à un fou. Fleur-des-Genêts croyait rêver.

— Je comprends maintenant, reprit Pelo se parlant toujours à lui-même ; je comprends pourquoi Vaunoy voulait l’assassiner. Et moi qui le laissais faire ! Qui donc l’a sauvé à ma place ?

— Moi, prononça faiblement Marie.

— Toi, répéta Pelo Rouan, qui serra la jeune fille sur son cœur avec exaltation ; toi, enfant ? Merci ! du fond du cœur ! Tu as fait tout ce que j’aurais dû faire. Tu l’as aimé, lorsque moi je le haïssais aveuglément, tu l’as deviné, lorsque je le méconnaissais… Pardon, ajouta-t-il en revenant vers Didier qui restait ébahi et n’avait garde de comprendre ; pardon, notre monsieur Georges.