Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/318

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plus si on aurait pu mesurer quinze pas entre le canon de son arme et le cœur de Didier.

— Elles sont pareilles ! s’écria Marie avec une joie d’enfant : toutes pareilles !

Pelo Rouan tenait la poitrine du capitaine au bout de son mousquet ; il allait presser la détente.

Le cri de Marie détourna son attention, et son regard tomba sur les deux médailles.

Il jeta son fusil, qui de branche en branche dégringola bruyamment jusqu’à terre : un cri s’étouffa dans sa gorge.

Marie leva la tête, aperçut son père et resta terrifiée.

Par un premier mouvement tout instinctif, elle voulut se rejeter en arrière et fermer la croisée, mais Pelo Rouan l’arrêta d’un geste impérieux et mit un doigt sur sa bouche pour lui recommander le silence.

Didier avait fermé les yeux, cédant à l’engourdissement qui toujours le tenait.

Pelo Rouan se laissa glisser le long des branches du bouleau et atteignit la toiture de chaume de la loge d’où il sauta légèrement sur l’appui de la croisée.

Marie n’osait bouger et le capitaine ne voyait rien.

Pelo prit les deux médailles et mit une extrême attention à les examiner.

Puis il écarta sa fille pour marcher vers le lit.

— Ne le tuez pas, mon père ! s’écria Marie.

Didier se dressa d’un bond à ce cri.

Mais Pelo Rouan l’avait prévenu et faisait peser déjà sur lui sa lourde main.