Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/322

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Il se fit un instant de silence. Le capitaine se recueillait en ses souvenirs. Fleur-des-Genêts riait, pleurait et remerciait Notre-Dame de Mi-Forêt. Et Jean Blanc, penché sur la main de son jeune maître, savourait l’allégresse qui emplissait son âme.

Au bout de quelques minutes, Jean Blanc se redressa. Ses sourcils étaient légèrement froncés et ses traits exprimèrent une grave résolution.

— Et maintenant, dit-il, Georges Treml, vous êtes Breton et noble ; il vous faut regagner l’héritage de votre père tout entier : noblesse et fortune !

Jean Blanc n’eut pas besoin de donner de longues explications à son jeune maître, qui savait en grande partie son histoire, l’ayant entendue de la bouche du pauvre écuyer Jude, sans se douter qu’il pût y avoir le moindre rapport entre lui, Didier, officier de fortune, et Georges Treml, le représentant d’une famille puissante.

Les circonstances, dit-on, font les hommes. Ce proverbe est vrai en un sens et nous semble fort à la louange de l’humanité.

Qui peut nier qu’un fils de grande maison, dépouillé par une fraude infâme, et patron naturel de toute une population souffrante, ne doive autrement se comporter qu’un soldat sans souci, n’ayant ici-bas d’autre mission que de se bien battre.

Didier, en devenant Georges Treml, sentit naître dans son cœur une gravité inconnue. Il comprit ce qu’exigeait de lui son nom et la mémoire de ses pères.

De brave qu’il était, il devint fort.

— Je vais me rendre à la Tremlays, dit-il ; j’aurai raison de M. de Vaunoy.