Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/323

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Avant de se séparer de Jean Blanc, le capitaine lui serra la main.

— Ce doit être, en effet, une noble race que celle de Treml, dit-il, et je suis fier d’avoir un peu de ce bon sang dans les veines. Ce n’est pas une famille vulgaire qui peut avoir des serviteurs tels que vous. Jean Blanc, mon ami, je vous remercie.

— Jude a fait mieux que moi, répondit l’albinos avec modestie ; Jude est mort pour vous, le bon garçon. Il méritait cela, monsieur Georges : il vous aimait tant !

— Pauvre Jude ! murmura Didier ; c’était un cœur fidèle et pur…

— C’était un Breton ! interrompit Jean Blanc. À propos, notre monsieur, il faudra oublier que vous avez porté l’uniforme de France. Les os de votre aïeul blanchissent là-bas et s’élèveraient contre vous si votre épée restait au roi de Paris !

Le capitaine ne répondit point. Il boucla son ceinturon, remit son feutre et se disposa à partir. Sur le seuil était Marie qui s’appuyait au mur et avait perdu son sourire.

Une triste pensée lui était enfin venue. Elle s’était demandé ce que pouvait être la fille du charbonnier pour l’héritier de Treml.

En passant auprès d’elle le capitaine la prit par la main.

— Jean, mon ami, dit-il en souriant, vous auriez eu grand tort de me tuer, car j’ai traité Marie en noble dame. Et, si Dieu me donne vie, il faudra désormais que tout le monde la traite ainsi.