Aller au contenu

Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cet homme était Hervé de Vaunoy.

Deux Loups l’escortèrent jusqu’à la table où siégeaient les huit vieillards présidés par le Loup blanc.

— Maître, dit l’un des anciens, il a été fait suivant votre volonté. Voici l’assassin au pied de notre tribunal. Vous plaît-il qu’on l’interroge ?

— Cela me plaît, répondit le Loup blanc.

Le père Toussaint se leva.

— Hervé de Vaunoy, dit-il, des centaines de nos frères sont morts par ton fait ; leur sang pèse sur toi et tu vas mourir si tu ne peux nous prouver ton innocence.

— Nous avions fait un pacte, balbutia Vaunoy ; j’ai rempli mes engagements ; vous avez les cinq cent mille livres. Pourquoi ne tenez-vous pas votre parole ?

— Notre parole n’est rien, répondit le père Toussaint, celle du Maître est tout, et tu n’avais pas la parole du Maître. Défends-toi autrement, et fais vite !

Le vieux Loup ajouta sans s’émouvoir le moins du monde :

— Yaumi, prépare une corde, mon petit.

Une sueur glacée inondait le visage de Vaunoy.

— Mes bons amis, s’écria-t-il, ayez pitié de moi ! On m’a calomnié près de vous ; j’ai toujours aimé tendrement mes pauvres vassaux de la forêt. À l’avenir, je ferai pour eux davantage encore ; je reconnaîtrai par-devant le garde-notes de Fougères, le droit qu’ils ont de faire avec mon bois du charbon, du cercle, des sabots, des paniers…

— Tais-toi ! interrompit la voix sévère du Loup blanc, tu mens !

— La corde est-elle prête, Yaumi ? demanda le père Toussaint.