Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/327

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Yaumi répondit affirmativement, et Vaunoy, tournant les yeux de son côté, vit en effet une corde se balancer dans les demi-ténèbres qui régnaient derrière les rangs serrés des Loups. Tout son corps trembla, puis le sang lui monta violemment au visage.

— Misérables ! s’écria-t-il avec la rage que donne aussi la frayeur portée à l’excès ; de quel droit me jugez-vous, moi, gentilhomme et votre maître ? je serai vengé : votre repaire sera détruit ; vous serez tous brûlés vifs… Mais non, mes excellents amis, ma tête s’égare ! miséricorde ; je ne vous ai jamais fait de mal. On vous a menti. Si vous aviez pu voir de près ma conduite…

— Pour ton malheur, nous ne te connaissons que trop.

— Vous vous trompez, reprit Vaunoy ; sur mon salut, vous méconnaissez mes sentiments pour vous. Si vous pouviez interroger mes gens… Un sursis, mes amis ! accordez-moi un sursis afin que je puisse me justifier !

— Tu veux qu’on interroge tes gens ? demanda ironiquement Toussaint.

— Je le veux ! s’écria Vaunoy, se reprenant à cette frêle espérance et désirant d’ailleurs gagner du temps ; tous ils vous diront ma tendre sollicitude pour mes pauvres enfants de la forêt…

— Soit ! interrompit le père Toussaint. On ne peut te refuser cela.

Vaunoy respira.

— Approchez ! reprit Toussaint en s’adressant aux deux Loups qui étaient à droite et à gauche de Vaunoy.

Les deux Loups s’ébranlèrent, et sur un signe du vieillard, firent tomber leurs masques de fourrures.