Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/328

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Vaunoy poussa un cri d’agonie.

— Yvon ! fit-il, Corentin !

— Eh bien ! reprit encore Toussaint, tes gens vont nous dire la tendre sollicitude…

— Miséricorde ! interrompit Vaunoy en tombant à genoux.

Le tribunal se consulta, ce ne fut pas long. Le Loup blanc ne prit point part à la délibération.

— Hervé de Vaunoy, dit ensuite le vieux Toussaint avec lenteur, les Loups te condamnent à mourir par la corde, et tu vas être pendu, sauf avis autre et meilleur du Maître.

Le Loup blanc se leva.

— C’est bien, dit-il. Que Yaumi reste auprès de la corde. Vous autres, mes frères, retirez-vous.

Cet ordre s’exécuta comme par enchantement. La caverne s’illumina au loin laissant d’immenses galeries souterraines et d’interminables voûtes.

Les Loups s’éloignèrent de divers côtés, et bientôt leurs torches parurent comme des points lumineux dans le lointain, tandis qu’eux-mêmes, amoindris par la perspective et bizarrement éclairés au milieu de la nuit, semblaient des êtres de forme humaine, mais d’une fantastique petitesse : des korriganets, par exemple, les lutins des clairières, ou bien de ces étranges démons qui mènent le bal au clair de lune, sur la lande, autour des croix solitaires, et que les bonnes gens du pays de Rennes apprennent à redouter dès l’enfance sous le nom de chats courtauds.

Vaunoy était toujours à genoux. Le Loup blanc descendit les marches de son trône et s’approcha de lui.