Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/332

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Il respira avec délices et ne put retenir une joyeuse exclamation.

— Vous avez raison de vous réjouir, dit Yaumi. Je crois que le diable vous protège, car, où vous avez passé, un honnête homme eût laissé ses os. C’est égal. Vous l’avez échappé deux fois ; à votre place je m’en tiendrais là.

— Tu es de bon conseil, mon garçon, répondit Vaunoy qui commençait à se remettre ; je vais vendre mon château de la Tremlays ; je vais vendre mon manoir de Bouëxis-en-Forêt, et je m’en irai si loin, si loin, que, je l’espère, je n’entendrai plus parler des Loups. Adieu !

Yaumi le suivit de l’œil pendant qu’il perçait hâtivement le fourré.

— Du diable si je n’aurais pas mieux fait de le laisser pendre la première fois qu’on a noué une corde à son intention, grommela-t-il ; mais le Maître a son idée et il est plus fin que nous.

Vaunoy traversa le fourré au pas de course et s’engagea, sans ralentir sa marche, dans les allées de la forêt.

Il ne se retourna pas une seule fois pendant toute la route, et bien souvent il eut la chair de poule en voyant s’agiter les branches de quelque buisson.

Aucun accident ne lui arriva en chemin.

Lorsqu’il se trouva enfin entre la double rangée des beaux chênes de l’avenue de la Tremlays, il ôta son feutre et tamponna son front ruisselant de sueur en aspirant l’air à pleine poitrine.

— Saint-Dieu ! murmura-t-il, deux fois la corde au cou en quarante-huit heures. C’est une rude vie ! Je le