Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/342

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je vous ai fait attendre. Veuillez prendre connaissance de cet écrit.

Le capitaine prit le parchemin et lut.

C’était l’acte de vente tracé tout entier de la main de Nicolas Treml et confié par ce dernier à Hervé de Vaunoy.

— Monsieur, dit le capitaine après avoir lu, il y a en tout ceci quelque odieuse machination que je ne comprends pas. Comment vous, pauvre et nourri des bienfaits de mon aïeul, avez-vous pu acheter et payer son domaine ?

— L’économie ! mon jeune ami, répondit Vaunoy en raillant ; avec de l’économie et quelques tritures des affaires, on accomplit des choses réellement surprenantes. Mais là n’est pas la question, et j’espère qu’il ne vous prendra plus la fantaisie de me menacer. Voyons ! vous êtes jeune, vous êtes pauvre ; votre aïeul et moi nous nous sommes rendus de bons services mutuellement ; je ne demande pas mieux que d’oublier votre conduite. Voulez-vous que nous fassions la paix ?

— Jamais ! s’écria Georges en repoussant la main qui lui était tendue.

— C’en est trop ! dit Vaunoy en se redressant, toute patience a un terme. Mademoiselle ma sœur et vous, monsieur l’intendant, vous êtes témoins que j’ai poussé la modération jusqu’à ses plus extrêmes limites. Je crois donc, à mon tour, pouvoir dire à ce jeune homme qui m’a outragé devant tous : sortez de chez moi, monsieur.

— Béni Jésus ! murmura la dame Goton, il va chasser mon pauvre petit Georges !