Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/36

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pit à ce moment Vaunoy par un grognement sourd et prolongé. Ensuite il quitta le coussin où il avait passé la nuit et vint se placer entre son maître et Hervé, sur lequel il fixa ses yeux fauves.

Vaunoy recula instinctivement.

— Loup et Jean Blanc ! pensa le vieillard qui n’était pas pour rien Breton de bonne race et gardait au fond de son cœur cette corde qui vibre si aisément dans les poitrines armoricaines, la superstition. C’est singulier ! le chien et l’innocent se rencontrent pour détester monsieur mon cousin !

Il hésita un instant, et fut tenté peut-être de serrer le parchemin, mais la voix de ce qu’il appelait son devoir le poussait en avant. Il écarta du pied Loup avec rudesse et remit l’acte entre les mains de Vaunoy.

— Dieu vous voit, dit-il, et Dieu punit les traîtres. Vous voici souverain maître de la destinée de Treml.

Le chien, comme s’il eût compris ce que ces paroles avaient de solennel, s’affaissa sur son coussin en hurlant plaintivement.

— Et maintenant, monsieur de Vaunoy, reprit Nicolas Treml, non par défiance de vous, mais parce que tout homme est mortel et que vous pourriez quitter ce monde sans avoir le temps de vous reconnaître, je vous demande une garantie.

— Tout ce que vous voudrez mon cousin.

— Écrivez donc, dit le vieillard en lui désignant la table où l’attendaient encore plume et parchemins.

Vaunoy s’assit, Treml dicta :

« Moi, Hervé de Vaunoy, je m’engage à remettre le domaine de la Tremlays, celui de Boüexis-en-Forêt et