Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/38

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rie, je pense que ces préparatifs n’annoncent point un départ subit ?

Il pensait tout le contraire et ne se trompait point.

Sa voix éveilla en sursaut M. de la Tremlays qui se leva, repoussa violemment son siège et passa la main sur son front avec une sorte d’égarement.

— Il est temps ! murmura-t-il d’une voix étouffée, vous m’avez rappelé mon devoir. Je vais partir.

— Déjà !

— On m’attend, et je suis en retard. Allez, Vaunoy, faites seller mon cheval. Je vais dire adieu à la maison de mon père et embrasser pour la dernière fois l’enfant de mon fils.

Vaunoy baissa la tête avec toutes les marques extérieures d’une sincère affliction et gagna les écuries.

Nicolas Treml ceignit la grande épée de ses aïeux, vaillant acier damassé par la rouille et qui avait fendu plus d’un crâne anglais au temps des guerres nationales. Il couvrit ses épaules d’un manteau et posa son feutre sur les mèches de ses cheveux blancs.

Entre sa chambre et la retraite où reposait Georges, son petit-fils, se trouvait le grand salon d’apparat. C’était une vaste salle aux lambris de chêne noir sculptés, dont les panneaux étaient séparés par des colonnettes en demi-relief à corniches dorées.

Dans chaque panneau pendait un portrait de famille au-dessus duquel était peint un écusson à quartiers.

Nicolas Treml traversa cette salle d’un pas lent et pénible. Son visage portait l’empreinte d’une austère douleur. Il s’arrêta devant les derniers portraits qui étaient