Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/57

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met en quelques secondes. Il put voir alors les deux chevaux qui couraient dans la direction de Fougères.

— Monsieur Nicolas ! cria-t-il d’une voix désespérée.

Le vieux gentilhomme se retourna, mais il ne s’arrêta point.

Jean Blanc se fit un porte-voix de ses deux mains et entonna le chant d’Arthur de Bretagne.

Un instant il put croire que ce naïf expédient produirait l’effet qu’il en attendait.

Nicolas Treml s’arrêta indécis, mais bientôt, passant la main sur son front comme pour chasser une dernière hésitation, il enfonça ses éperons dans le ventre de son cheval.

Jean Blanc descendit et regagna silencieusement la Fosse-aux-Loups.

Auprès du seuil de la loge, il vit briller un objet aux rayons du soleil. C’était la bourse du vieux seigneur.

Une larme vint dans les yeux de Jean Blanc.

— Dieu le conduise ! murmura-t-il. Il est bon, il croit bien faire.

Il s’assit sur le seuil et demeura pensif.

— Pauvre petit monsieur Georges ! dit-il après un long silence ; seul, aux mains de ce Vaunoy qui ne croit pas en Dieu !

Il fit encore une pause, puis il ajouta :

— Ils m’appellent le mouton blanc… Je suis le mouton et cet homme est le loup : mauvaise bataille ! le loup a ses dents : si les dents me poussaient… le mouton se ferait loup pour défendre ou venger ceux qu’il aime. Qui vivra verra !